Ce chef d'œuvre de composition et de stéréotomie, autrement dit " l'art d'assembler les pierres ", fascine depuis toujours les architectes, tant par sa structure unique que par les matériaux qui le constituent.
Achevé en 1559 par l'architecte Philibert Delorme, l'escalier en Fer-à-Cheval fut conçu pour répondre à une tradition médiévale qui exigeait une " montée " spectaculaire aux appartements du souverain. Son ampleur résulte des directives lancées par Henri II qui souhaitait créer un escalier extérieur susceptible d'accueillir des cortèges accompagnant les souverains en visite ou leurs ambassadeurs. Reconnu depuis longtemps comme un chef-d'œuvre architectural pour l'originalité de sa structure, cet escalier fut influencé par de nombreuses personnalités historiques telles que Louis XIII en 1632, Catherine de Médicis lors des Guerres de Religion ou encore Henri IV.
Si les marches sont en calcaire, l'architecture proprement dite de l'escalier est en grès, comme les soubassements des façades de part et d'autre. L'escalier possède une structure qui ne s'inscrit dans aucun courant stylistique. Il est composé de deux volées chantournées parallèles de 46 marches à paliers intermédiaires qui donnent accès à une terrasse sur laquelle s'ouvrent trois portes.
Constitué de matériaux sensibles aux intempéries, l’escalier s’est détérioré au fil du temps et souffre aujourd’hui de pathologies, dépôts et faciès de vieillissement des pierres. Par temps humide, plus encore en cas de précipitation, l’escalier présente une teinte noire brillante d’autant plus
spectaculaire que l’ouvrage est d’une taille importante (la terrasse mesure près de 35 mètres de largeur et la saillie de l’escalier plus de 20 mètres, pour une hauteur supérieure à 6 mètres) et qu’il est tourné en plein ouest, donc très éclairé l’après-midi.
Cette dégradation s’explique par la nature de la pierre. Si les marches sont en calcaire, l’architecture proprement dite de l’escalier est en grès. La porosité de ces matières a favorisé l’altération de la pierre suite à une importante prolifération biologique sous forme de mousses, de lichens et d’algues. Ce sont les algues, extrêmement hydrophiles, qui donnent aujourd’hui à l’escalier cette teinte noirâtre à la moindre pluie.
Le grès est réputé délicat à restaurer et fait l’objet de nombreuses études, notamment à l’échelle européenne. L’escalier en Fer-à-Cheval a bénéficié d’analyses exhaustives, de sondages et de constats détaillés permettant de dessiner les contours des travaux nécessaires.
Cette campagne de mécénat est dédiée à la restauration de l’escalier en lui-même, les parties limitrophes (terrasse, façade et vestibule) seront prises en charges dans un deuxième temps.
La restauration proposée est ambitieuse et réaliste. Elle passe à la fois par un travail fondamental d’amélioration de la maîtrise de l’eau, par une purge systématique des matériaux de restauration néfastes et par un travail fin sur les épidermes.
Du château de Courances au palais princier de Monaco en passant par la cour Visconti du Louvre, l’escalier en Fer-à-Cheval de Fontainebleau est devenu le symbole même de la magnificence, de la grandeur et de la continuité historique.
Durant la Renaissance, et même encore parfois à l'âge classique, l'accès à l'appartement du souverain nécessite la présence d'un grand escalier extérieur, susceptible d'accueillir, par son ampleur, des cortèges accompagnant les souverains en visite ou leurs ambassadeurs. Le premier escalier construit en 1559 par l'architecte Philibert Delorme, en lieu et place de celui que nous voyons aujourd'hui, introduit de manière habile, par son caractère virtuose, l'accès à l'appartement projeté pour Henri II.
Né au château de Fontainebleau, Louis XIII commanda en 1632 à Jean Androuet du Cerceau la reconstruction de l'escalier de Philibert Delorme en suivant la même logique architecturale, tout en proposant un programme décoratif complet habillant la façade d'une terrasse supérieure et de motifs sculptés encadrant l'entrée des appartements.
À partir du règne de Louis XIV, c'est sur cet escalier que furent accueillies les princesses venant se marier avec un fils de France (la duchesse de Bourgogne en 1697, Marie Leszczynska en 1725, Hélène de Mecklembourg-Schwerin en 1837). Ainsi, l'escalier et toute la cour du Cheval Blanc firent l'objet de nombreuses représentations gravées qui diffusèrent cette image clairement reconnaissable de Fontainebleau.
Cette diffusion devait prendre une dimension décuplée après le fameux épisode des Adieux de Napoléon à sa garde, le 20 avril 1814. L'escalier, avec son mouvement complexe et sa monumentalité évidente, devint alors le symbole même de l'épopée napoléonienne. Toute l'imagerie impériale s'en empare sous le Second Empire bien sûr, mais aussi sous la IIIème République, comme un signe (ou un insigne) à travers lequel on reconnaissait tout de suite Fontainebleau, qui résumait en quelque sorte à lui seul cette maison si complexe.
Le premier escalier désignait l'accès à l'appartement projeté pour Henri II.
Commande la reconstruction de l'escalier en proposant un programme décoratif complet.
Le Roi-Soleil y accueille Marie-Adélaïde de Savoie, future duchesse de Bourgogne et mère de Louis XV.
Fait ses Adieux à la garde depuis cet escalier.
Accueillie par le roi Louis-Philippe sur cet escalier pour son mariage avec le duc d'Orléans.
Un geste historique.